Voie Verte rive Est & 74.3
Nous sommes tous cyclistes. C’est pour cela qu’à 5 reprises depuis la première enquête publique de 2007, à laquelle BVV avait présenté le 18 décembre une contribution pour un meilleur aménagement cyclable, nous avons écrit au Président du Conseil Général (CG 74) devenu Conseil Départemental (CD 74) et au Préfet de la Haute-Savoie pour attirer à nouveau leur attention sur l’erreur de conception d’une piste bidirectionnelle sur la rive Est exigüe et sa dangerosité liée au relief mouvementé. Les accidents, soulignés par les gros titres de la presse locale en juillet 2015, et les efforts financiers de sécurisation (1 100 000€) de la voie verte rive Ouest, presqu’horizontale pourtant, confirment malheureusement la justesse de notre avertissement d’expérience pour la voie rive Est qui présente des difficultés techniques (croisements avec montées soutenues et descentes rapides).
Nous sommes tous piétons et marcheurs. C’est pour permettre et encourager l’activité la plus naturelle pratiquée à tout âge (ou presque, avec une poussette ou un fauteuil roulant) que nous avions attiré l’attention du CG/CD 74, celles du Syndicat Mixte du lac d’Annecy (SILA) et de la Mairie de Veyrier-du-lac sur l’intérêt d’un sentier piétonnier du tour du Lac balisé et sécurisé ainsi que sur la nécessité de trottoirs sécurisants dans les traversées de villages. La marche devrait être bonne pour la santé. Tous peuvent apprécier l’étroit « marchepied » de Chavoire frôlant 4m de piste cyclable bidirectionnelle, ou le trottoir, entre le rond-point de la Poste et la Cinémathèque, sur lequel marcher en crabe évite de se faire happer le bras. Il est aussi question de supprimer les 120 arbres qui protégeaient les piétons des ardeurs du soleil entre Veyrier et Menthon et marquaient le paysage. Le Président Pompidou se retournera dans sa tombe, qui, exprimant à Jacques Chaban Delmas sa « volonté de sauvegarder partout les arbres le longdes routes » demandait (en juin 1970) à son Premier ministre «de donner des instructions précises pour que sous divers prétextes (vieillissement des arbres, demandes de municipalités circonvenues et fermées à tout souci d’esthétique, problèmes financiers que posent l’entretien des arbres…), on ne poursuive pas dans la pratique (d’abattage Ndlr) ». Sans oublier le rôle des arbres dans l’absorption du CO2, peu connu à l’époque.
Nous sommes tous attachés à la qualité exceptionnelle du site et à la sauvegarde du lac d’Annecy. C’est pourquoi nous avions demandé aux exécutifs de mettre fin à l’artificialisation et à l’urbanisation de notre petit lac alpin qui déjà, en 2009, l’avaient empêché d’être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis,la largeur de l’enrobage de bitume dépasse 11 m. comme on peut déjà le constater à Chavoire ou à Menthon. Le choix malheureux du bidirectionnel conduit à doubler la largeur de voie bitumée par rapport à celle de deux couloirs de part et d’autre de la chaussée des voitures et à construire des murs de soutènement de 3 à 6 mètres (Chavoire, Balmettes…) dont la valeur esthétique n’est pas à la hauteur. Il s’agit d’un équipement structurant et non plus d’un aménagement cyclable comme annoncé abusivement dans le dossier d’enquête publique. Encore faudrait-il que les travaux réalisés soient conformes à l’autorisation qui précise : « les pistes bidirectionnelles auront une largeur de 3m, ou 2,50m dans les zones topographiquement difficiles ». Deux associations, dont BVV, ont constaté des dépassements (+ 33%) qui ne peuvent, sur près d’1 km, être assimilés à des bavures de chantier: en 12 points de mesure sur le tronçon Menthon-Echarvine les largeurs sont de 4m, avec des maxima de 4,15m et 4,20m. Le Conseil départemental, interrogé, n’a pas disconvenu de ces « sur-largeurs », pas plus qu’il n’a contesté une majoration de coût de + 30%.
Nous sommes tous attentifs à la dépense publique et à l’opportunité des arbitrages. Le budget annoncé lors de la présentation du projet était précisément de 22 391 840,53€ (acquisition foncières comprises) pour une longueur de 14km en rive Est, soit 1599 417,42€ du km de parcours de loisirs à 99%. Le coût réel pour les contribuables devrait dépasser le budget au vu du réalisé : 3,7M€ pour 1,5km à la dangereuse côte de Chavoire (hors aménagements paysagers et frais annexes), 4,397M€ affichés en 2014 (contre 2,8M€ budgétés) pour les 2,2km de Menthon aux Granges de Talloires. La section bidirectionnelle inutile (car elle ne fait que reculer la descente vers le lac ou l’usage de la route de la Tournette) de 750 m entre les Pensières et le rond-point des Pérouzes a été réévaluée à 4M€ (soit 5300€ du m linéaire) par le CD 74 le 5 avril 2016. Nous avions proposé à défaut 2 bandes cyclables, ce qui aurait permis d’économiser la moitié de l’emprise bitumée. Devrait-on aussi s’interroger sur la légalité du co-financement par le SILA d’une voie qui, sur 70% de son parcours, n’entre plus précisément dans sa mission réglementaire, ni dans ses compétences optionnelles ?
Nous avons tous besoin d’air. Pas de pollution. Cyclistes, nous pédalons le nez dans les gaz d’échappement dans les côtes de Chavoire, Menthon et Talloires. Le plus important n’est cependant pas là, mais dans le dossier d’enquête publique qui fait état « d’une saturation croissante, car la RD 909a a des caractéristiques géométriques insuffisantes pour assurer une telle circulation dans des bonnes conditions de sécurité » ; les « simulations (acoustiques. Ndlr) ont été réalisées à partir des trafics futurs (2020) de 15320 véhicules/jour et 5% de poids lourds ». Les travaux en délicatesse avec la stricte légalité sur la section de la route D909a entre lac (loi littoral), montagne (loi montagne) et espaces boisés (classés), auraient-ils pour objet initial d’en modifier la « géométrie » pour accueillir un trafic routier 2,3 fois supérieur à la moyenne (6758 véhicules) observée des années 2008-2014 (comptages Conseil général) avec 4,5 fois plus de camions (765 PL en 2020 vs 170 en moyenne 2008-2014)? Traverseront-ils avec les voitures Veyrier-du-lac, déjà saturé avec 23449 véhicules en jour de pointe? C’est à craindre avec le bruit et les microparticules…
Nous sommes obstinément démocrates et légalistes. C’est pourquoi nous avons rencontré le Vice-Président du CD 74 en charge du projet d’infrastructure et les Conseillers départementaux du canton de Faverges ainsi que le Président du SILA avec ses équipes pour leur faire part de nos inquiétudes pour la qualité de vie des Veyrolains et de nos suggestions de bon sens. Et aussi attirer leur attention sur les points litigieux, dont la prorogation « automatique » de la DUP alors qu’une nouvelle enquête publique aurait été d’usage. Nous les remercions pour leur écoute et, sur quelques points, pour leur proximité de vue. Mais on ne change pas une mauvaise stratégie : on fonce en se serrant les coudes. Pour la société civile, qui a cru à la « demande de prendre en compte l’ensemble des usagers, promeneurs, pécheurs… » du Conseil général, le passage en force avec un 74.3, même légitime, n’est pas le signe d’un bon fonctionnement démocratique. Pas plus qu’avec son grand frère, le 49.3.
Olivier Labasse, Mai 2016
Documents à télécharger :
– Lettre au Conseil départemental : voie verte lettre à C.Monteil 2-03-2015
– Observations et demandes lors de l’enquête publique : Voie verte 2014 Enquête publique